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Liberté : la vérité sur la discrimination des élèves queers

Image achromatique de la bannière du projet « Mon pays, le Canada ». À gauche, les mots « Mon pays, le Canada » sont nichés dans une feuille d’érable. À droite, les mots « Une initiative du Forum pour jeunes Canadiens » se déploient.
  • Créé par :
    Trystan B.
  • Type :
    • Texte
  • Année :
    • 2023
  • Emplacements :
  • Langue :
    • Anglais

J’adore notre pays. Le Canada est un endroit extraordinaire, mais certaines communautés comprennent mal la communité queer et les obstacles auxquels cette dernière est confrontée dans le milieu scolaire. 

J’ai écrit ce texte il y a deux ans et je tiens à le diffuser aujourd’hui, parce que je n’insisterai jamais assez sur le fait que nous devons nous battre au quotidien pour exister. Nous avons accès à du soutien, mais pas dans les sphères où nous en avons le plus besoin. 

Liberté : la vérité sur la discrimination des élèves queers

Le Canada est réputé pour être le pays du hockey et du sirop d’érable, mais c’est bien plus que ça. C’est d’abord mon chez-moi et celui de millions d’autres personnes. 

À mes yeux, le Canada représente la liberté : la liberté de passer du temps avec ses proches à sa guise, d’aimer qui on veut, et surtout, la liberté d’expression et le droit à sa propre identité. 

La communauté LGBTQ+ constitue environ 4 % de la population. Cette proportion peut sembler faible, mais c’est plus d’un million de personnes en fait. Comme beaucoup de citoyen.ne.s de tous les âges font partie de cette communauté en adaptation constante, l’acceptation de cette communauté et la sensibilisation à sa réalité gagnent du terrain. J’ai moi-même rencontré tant de bonnes personnes, queer+ comme alliées, qui m’ont permis de grandir.  

La gentillesse des personnes qui épaulent la communauté queer est malheureusement souvent éclipsée par l’ignorance des gens qui souhaitent réprimer et étouffer les personnes qui ne se conforment pas aux normes ou qui dérogent des stéréotypes. On définit la discrimination comme « un traitement inégalitaire envers certaines catégories de personnes ou de choses » s’appuyant sur des facteurs comme le sexe, l’âge, la race, l’identité de genre et l’orientation sexuelle ou romantique. Depuis que j’ai affirmé mon identité, j’ai subi diverses formes de discrimination. J’aimerais parler de ces expériences et relayer celles d’ami.e.s proches qui m’ont donné la permission de raconter leur histoire. 

D’abord, il convient de mentionner que l’identité de genre et son expression sont protégées par la Loi canadienne sur les droits de la personne, ainsi que par le Code des droits de la personne de l’Ontario

Le Code des droits de la personne de l’Ontario, adopté il y a soixante ans, interdit les actions qui constituent de la discrimination contre certaines personnes en fonction de l’un des motifs les protégeant dans un secteur social protégé. 

Ces motifs sont l’âge, l’ascendance, la couleur, la race, la citoyenneté, l’origine ethnique, le lieu d’origine, la croyance, un handicap, l’état familial, l’état matrimonial (y compris le célibat), l’identité sexuelle, l’expression de l’identité sexuelle, l’assistance sociale (en matière de logement seulement), le casier judiciaire (en matière d’emploi seulement), le sexe (y compris la grossesse et l’allaitement) et l’orientation sexuelle. 

Les secteurs sociaux protégés sont l’emploi, les contrats, l’hébergement (logement), les biens, les services et les installations, de même que l’adhésion à un syndicat ou à une association commerciale ou professionnelle. 

En vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, pour l’application de la loi, les motifs de distinction illicite sont ceux qui sont fondés sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, l’état matrimonial, la situation de famille, les caractéristiques génétiques, l’état de personne graciée ou la déficience. 

En vertu de la Loi, il est entendu que les actes discriminatoires comprennent les actes fondés sur un ou plusieurs motifs de distinction illicite ou l’effet combiné de plusieurs motifs. 

Bien que la Loi et le Code l’interdisent clairement, la discrimination envers les personnes queers et le dénigrement de leur identité passent souvent inaperçus. Qu’il s’agisse de blagues homophobes ou de situations qui laissent cours à la transphobie sur les bancs d’école, la discrimination à l’égard de la communauté LGBTQ+ est souvent passée sous silence, et ses conséquences sont, d’après mon expérience, rarement reconnues. 

Bien sûr, dans le contexte scolaire actuel, il est difficile d’éviter les expressions comme « les garçons et les filles » ou « mesdames et messieurs ». Mais il peut être très décourageant pour les personnes LGBTQ+ de se faire sans cesse mégenrer, notamment parce que nos noms et pronoms choisis ne sont pas respectés. À force de devoir répéter nos noms, nos pronoms et nos orientations, nous nous sentons souvent comme des fardeaux pour la société, voire comme des personnes ayant un besoin maladif de monopoliser l’attention des autres. 

Les propos des autres, qu’ils soient malintentionnés ou non, ont un effet sur l’estime de soi de n’importe qui, mais particulièrement sur celle des enfants queers. La controverse fait partie de notre quotidien et il devient chaque jour plus difficile de faire face à des questions comme « C’est quoi ton genre? » ou « Pourquoi ne peux-tu pas avoir un genre normal? ». Ce genre de confrontation m’a permis de comprendre que les croyances sont façonnées par l’éducation qu’on reçoit à l’école et à la maison, ce qui explique pourquoi certaines personnes ne savent rien de la communauté LGBTQ+ et sont donc sincèrement curieuses. Mais il y a aussi les gens ignorants ou hargneux, qui n’aiment pas ce qu’ils ne comprennent pas ou ce qui ne leur ressemble pas. Je comprends, vraiment : la confusion fait ressortir ce qu’il y a de pire chez les gens. Je le comprends. 

Mais ça fait mal quand même. 

Depuis que j’ai affirmé mon identité, j’ai vécu plusieurs expériences éclairantes. En éduquant mes ami.e.s et ma famille à propos de mon identité (genre fluide, panromantique, polyamoureux.se et asexuel.le), j’ai appris que les personnes qui essaient de comprendre ma réalité et de s’y ajuster sont celles auxquelles je veux consacrer mon attention et mon énergie. 

Je pense à Bren, de qui je suis si proche, et dont le chemin de découverte de soi a été accueilli à bras ouverts par ses ami.e.s, mais qui n’a pas pu affirmer son identité auprès de sa famille, qui n’est pas sensibilisée à la réalité LGBTQ+, et qui demeure « la petite fille » de ses parents, au lieu d’être pour eux une formidable personne non binaire. 

Mon bon ami Corey, quant à lui, est sorti du placard auprès de tous ses ami.e.s et de sa famille, bien que ses parents soient homophobes et transphobes. Corey s’identifie comme boyflux, demigenre (en utilisant les pronoms il et iel) et homoflexible, mais ses parents ne l’acceptent pas. Heureusement, iel continue à s’affirmer. Mais il m’a confié à quel point il souffre de ce rejet. Je n’ai pas vécu la même chose, mais je sais à quel point il est effrayant de sentir qu’on déçoit les personnes qu’on aime. 

Qu’elle soit neutre, négative ou positive, chaque réaction à une sortie du placard est une riche occasion d’apprentissage. Nous découvrons que ce n’est pas tout le monde qui nous acceptera pour ce que nous sommes et apprenons à nous concentrer sur les expériences positives pour vivre pleinement notre identité. Profitons de la vie! Buvons du sirop d’érable! Jouons au hockey! Faisons preuve de résilience et continuons à nous affirmer, parce que si nous ne le faisons pas, certains continueront à essayer de nous écraser. Soyons qui nous sommes avec fierté. Nous ne sommes pas différent.e.s des personnes cisgenres et hétérosexuelles. Pourquoi devrions-nous être traité.e.s comme des anomalies? 

J’ai encore confiance en la société, comme en l’école. Il y a déjà un grand nombre d’espaces sûrs (au moins dans mon quartier) et je sais que la situation peut s’améliorer. J’ai hâte au jour où chaque personne pourra être qui elle est, sans jugement. J’ai espoir que viendra le jour où je pourrai marcher dans les couloirs sans recevoir de regards accusateurs ou de remarques odieuses, sans avoir l’impression que j’ai fait quelque chose de mal, alors que je n’ai rien fait. J’attends le jour où une personne en position de pouvoir saisira l’ampleur de la situation et prendra les actions nécessaires pour construire un avenir où tous les élèves pourront s’épanouir. Un avenir où nous pourrons dire avec certitude que nous sommes finalement, infiniment, libres d’être nous-mêmes.